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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/216

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Par quelle fatalité tombai-je ainsi entre les mains de cette femme volontaire ? Je ne sais. Je n’ai jamais pu comprendre par quel hypnotisme elle me subjugua et réussit, pour ainsi dire, à encercler mes poignets de menottes d’acier. C’est qu’elle était belle, belle à tenter un ange, quand, les joues saignantes, les yeux ardents, les cheveux fous, elle leva son verre d’eau cristalline, d’un geste crâne qui me parut spontané, mais qui sans doute faisait partie de la trame qu’elle avait soigneusement élaborée avant notre départ.

Je te tairai nos épanchements naturels après cet événement qui semblait tenir plutôt du roman que de la réalité. Elle se retira tout à coup de l’enlacement de mes bras, en se plaignant d’un malaise à l’estomac. La fièvre l’envahit subitement et elle se mit à claquer des dents. Je la couvris de mon manteau ; mais rien ne semblait pouvoir la réchauffer. J’aurais donné la moitié de ma fortune pour un verre de cognac ! Mais l’eau de la source ne manifesta aucunement l’intention de se changer en eau-de-vie.

Cécilia avait perdu toute son assurance et elle me guida tant bien que mal dans ce dédale de sentiers inconnus. Je dus faire appel à toutes les ressources de mon intuition pour ne pas m’écarter.

Nous arrivâmes enfin à six heures du soir dans une maison de ferme. Notre hôtesse nous offrit ce qu’elle avait de mieux : un misérable