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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/247

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sa pauvre mère ! Car elle n’a pas hérité de son tempérament ; elle tient plutôt de moi, du côté de la sensibilité.

Elle sera chez elle chez toi, entourée déjà, j’en suis sûr, de tes soins vraiment maternels. Tu connais, toi. l’amour d’une mère pour son enfant, et je sais, moi, combien cet amour déborde d’un cœur bien né comme le tien ! Donne-lui, chère amie, une parcelle de l’amour que tu as voué aux tiens. Ils n’en souffriront pas, puisque tu as prodigué à ces petits êtres que Dieu t’a confiés tes sentiments de tendresse, que ni l’épreuve ni la misère n’ont pu altérer. Si minime que tu fasses à Cécile la part de cet amour, elle lui suffira, car elle en a été privée totalement et elle l’accueillera avec avidité, comme la miette de pain tombée de la table du riche.

Je n’ai pas encore vu celle qui persiste à porter mon nom. La verrai-je ? Dieu aidant, peut-être lui ferais-je la charité d’une visite à l’hôpital où elle est présentement confinée, par suite, m’a-t-on dit, d’une crise d’urémie. On me dit qu’elle a souvent d’affreuses crises d’hystérie. Peut-être se rend-elle compte de sa folie ? Elle est cependant trop orgueilleuse pour avouer ses torts ! Les avouerait-elle, maintenant, que je ne changerais pas mes projets d’avenir ! Je ne suis pas responsable de ce qui est arrivé, car je suis conscient d’avoir toujours fait mon devoir envers elle ! Je n’ai rien à me reprocher ! Je ne pouvais renier ma foi ni mettre celle de ma fille en danger, et consommer par là le fruit de mon imprudence ! Ce n’était pas moi qui avais manqué à la parole donnée !

Mon bonheur est désormais au Canada, dans une situation anormale, si tu veux, mais où rien ne pourra troubler une douce quiétude que la Providence aura mise à notre disposition.