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C’était notre première veillée dans ce foyer nouveau où tout semblait respirer l’intimité et la douceur de vivre. Un bonheur muet semblait nous envahir pendant que nous observions les couleurs variées de la flamme qui se dégageait des bûches en combustion.

— Je te la réciterai, un jour, cette poésie ! avait-elle dit… Quand nous serons chez vous !

Rompant tout à coup le silence, je lui rappelai sa promesse.

— J’ai attendu que nous fussions chez nous, Allie, pour te demander de réciter cette poésie dont tu m’as parlé, et qui s’intitule, je crois, Fleurs d’amitié.

— La scène n’est-elle pas assez poétique par elle-même ? répondit-elle.

À l’unisson, les enfants insistèrent pour qu’elle la récitât. De sa voix chaude, Allie nous dit, comme seule elle pouvait le faire, ces vers anciens :

FLEURS D’AMITIÉ

Ô goutte de rosée, aimable messagère,
Qui descend nuitamment sur une primevère,
Qu’offres-tu de plus pur, dans ta simple beauté,
Que les accents muets d’une tendre amitié ?

Limpide et cristalline, arrosant la pivoine,
Ou cachée humblement dessous la folle avoine,
Tu dis au jour naissant ton bonjour amical
Puis tu cèdes le pas à l’astre matinal.