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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/47

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pulsion qu’aurait pu légitimer un malentendu auquel nous avions tous deux inconsciemment participé. Connaissait-elle quelque chose de mon histoire et de ma vie aventureuse sur le velt africain ? Peut-être désirait-elle soulever le voile qui lui cachait encore mes vingt années d’exil, surprendre le mystère que dérobait à ses yeux le cinquième d’un siècle passé à l’étranger, dans un pays sympathique, mais éloigné du grand fleuve qui avait charmé mes yeux d’enfant et les siens. Oui, me dis-je, les causes de cet exil volontaire de vingt ans tentent peut-être la curiosité d’Allie. Que de mystères aussi masquait probablement l’écran qui dissimulait à ma vue l’existence de Mme Montreuil ! Mme Montreuil ! Ce nom me semblait presque paradoxal maintenant. J’avais si longtemps caressé l’espoir de lui donner le mien ! Le sort en avait décidé autrement. Oui, c’est bien du nom de sort ou de destin que l’on doit qualifier cette sorte de fatalité qui affaiblit notre sens de vision et nous empêche de réaliser un désir qui est pourtant à notre portée. Pour n’avoir pas tendu la main au moment opportun ou l’avoir mise à côté de l’objet désiré, il nous échappe pour toujours !

C’est le cœur encore gonflé des émotions intenses que je venais d’éprouver que, lentement, je m’acheminai vers la Bastille. Je trouvai la porte close. Rien ne bougeait encore à l’inté-