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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/64

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— Si je n’étais seul avec toi, Allie, je te demanderais la permission de visiter les chambres.

— Alors, monte les voir seul. Je t’attendrai ici.

Je grimpai l’étroit escalier de bois qui conduit aux chambres à coucher. Je voulais surtout revoir celle où, souvent, durant mon enfance, Mme Dupontier m’avait gardé à coucher. C’était celle d’Henri, le frère aîné d’Allie, située au nord-ouest, d’où nous pouvions contempler le fleuve, quand, par une nuit calme, la lune argentait sa surface grisâtre.

Là aussi, rien n’avait bougé, exception faite d’un pot à barbe, d’un rasoir et d’un blaireau, qui se trouvaient sur la toilette. Je n’allai pas plus loin, car cette chambre seule m’intéressait. Allie m’attendait au bas de l’escalier, que je descendis précipitamment. J’étais tellement heureux que mon bonheur devait se refléter sur ma figure.

— Tu as fait un bon voyage ? me dit-elle. On dirait que tu descends du paradis !

— En effet, je reviens de loin, bien que j’aie été peu de temps parti. La multitude des impressions qui m’assaillent depuis que je suis dans cette maison me reportent à vingt ans en arrière. Je n’ai trouvé qu’une seule chose nouvelle : le nécessaire à barbe d’Henri. De notre temps…

— Les chats l’avaient plus longue que vous ?