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— Mais oui. Je ne suis toujours pas pour me mettre à jardiner comme un vulgaire rentier de village ! Il y a bien assez de l’ancien kayser qui scie du bois !… Me voyez-vous sciant des billes dans ma cour ?

— La politique ne vous a jamais tenté ?

— J’avoue que j’ai longtemps rêvé d’être député, sénateur ou quelque chose de ces machines-là. Dans le fond, ça ne me dit pas grand’chose, mais ça m’aurait fait une situation dans le monde…

— Oui. Le simple titre de millionnaire, en somme, devient monotone ; surtout quand il y a vingt ans que ça dure. Mme Latour est de retour, je crois. Je prendrai donc place à la même table que ce midi.

— Ah ! mais ça ne dérange rien du tout ! Mme Latour sera enchantée ! Elle n’est pas fière ma femme !

— Moi non plus ! Merci ! Alors, je n’y vois aucun inconvénient.

M. Latour ne s’aperçut pas de son impair. Ses millions ne lui permettaient-ils pas ces libertés avec les gens ordinaires, ceux de mon espèce, par exemple, qui n’exhibent pas de gros diamants ni de grosses chaînes de montre sur une bedaine prospère ? S’il savait, pourtant ! Non, cela gâterait trop son bonheur, le cher homme, de me savoir plus riche que lui ! Si seulement j’avais ouvert le petit sac que je te-