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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/71

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nais dans ma main et qui contenait des diamants dont deux seulement valaient plus que sa fortune ! Non, décidément, c’eût été un désastre ! Je remis sans cérémonie le sac dans ma poche et je m’assis à la table de M. et Mme Latour et de leur fidèle compagnon, M. Dufour. Mme Latour me regardait de temps en temps d’un petit air dédaigneux. Elle examinait surtout mes doigts, vierges de tout diamant et d’or. C’est étonnant ! mais je n’ai jamais aimé l’or ni les diamants aux doigts d’un homme. Et, pourtant, c’est cette catégorie d’hommes qui ont fait ma fortune ! Tout ce que je porte, d’habitude, est un minuscule diamant sur ma cravate, précieux souvenir de mon père. Il m’est cher à ce seul point de vue. Comme il me l’a donné sur son lit de mort, je l’ai toujours conservé avec un filial attachement.

Mme Latour le remarqua sans doute, car elle dirigeait souvent un œil scrutateur de ce côté.

— Jouez-vous au bridge, Monsieur ? finit-elle par me demander.

— Très peu, Madame. Je n’ai guère de temps à consacrer aux cartes.

— Je crois que votre patron ne vous laisse pas grands loisirs !

— Mon patron est très pressé, en effet ; il s’appelle le temps.

— M. Letemps ? M. Letemps ? À ma honte, j’avoue ne pas le connaître. Quel commerce fait-il ?