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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/89

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— Je vous croyais rentré, Monsieur Reillal ! Ma femme m’avait dit que vous étiez dans votre chambre. Sans cela, j’aurais laissé la porte ouverte.

— J’aurais dû vous prévenir !

— Je ne dis pas ça. Mais, voyez-vous, ici, c’est pas comme dans les villes, où il y a un personnel qui veille toute la nuit ! C’est moi qui dois m’occuper de tout ; mais, comme on ne gagne pas sa vie à ne rien faire, on ne se fait pas prier ! On est à votre service ! Êtes-vous toujours décidé de partir demain matin ?

— Oui, mais je garde ma chambre. Je serai de retour samedi.

— À la bonne heure ! Cette chambre, qui était toujours vide à cause du soleil levant, va désormais contribuer pour sa part de revenus. Voulez-vous que je prévienne un « charretier » de venir vous chercher ?

— Oui, prévenez le grand Sansfaçon.

Comme je n’étais pas disposé à causer toute la nuit avec M. Bélanger, je me retirai dans ma chambre. J’eus toutes les peines du monde à me déshabiller, tant l’émotion de mon entrevue avec Allie m’avait bouleversé. Je déboutonnais mon veston pour le reboutonner aussitôt, ou bien je boutonnais mon veston avec mon gilet. Je finis par me demander si je n’étais pas fou. Enfin, après avoir tâtonné une couple d’heures, je fis un suprême effort de volonté