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la séparation, laquelle pour être temporaire, n’en est pas moins pénible à celui qui a donné son cœur.

Un désir fou m’a pris de louer un avion et d’aller vous causer la surprise d’une visite du Jour de l’An. Ça n’aurait pas été banal, n’est-ce pas ? mais sur les conseils de mes amis, je me suis ravisé, vu les dangers causés par les brouillards et les tempêtes inévitables du mois de janvier.

J’ai moins regretté ma reculade, en voyant à mon réveil, le Jour de l’An, sévir une tempête de grésil et de neige. De la fenêtre de ma chambre, je voyais de gros flocons de givre se détacher des arbres sous l’action du vent, transportant, en tourbillonnant, une neige fine qui avait déjà façonné une falaise près des remparts où elle allait mourir.

Quel temps fait-il sur la Côte ? me suis-je demandé. Vous voyez, ma pensée n’était pas loin de vous, car je ne pense jamais à la Côte sans penser à vous.

Les rapports météorologiques qui m’ont été transmis dans la journée, m’ont fait apprécier les conseils prudents de mes amis. Alors, je me suis transporté en esprit vers vous. Je vous ai vue entourée de votre respectable père et de vos frères et sœurs que je trouvais bien heureux de partager votre compagnie.

Pour consacrer plus entièrement ma journée à votre souvenir, vous en ferai-je l’aveu ? j’ai été faire une visite à votre bonne Mère Saint-Pierre-d’Alcantara, au couvent de Sillery. Inutile de vous dire quel a été, après m’être introduit, le sujet de la conversation. Mon idée était-elle heureuse ?

J’ai pensé que je serais plus près de vous dans ces murs privilégiés, qui ont eu le bonheur de vous abriter pendant cinq années. J’ai goûté quelques instants de vrai bonheur en donnant libre cours à mon imagination. Je voyais votre charmante silhouette ornant ces pièces où vous avez dû prendre vos ébats.

Mère Supérieure m’a conduit à la chapelle, où j’ai fait une courte prière à votre intention. Sera-t-elle efficace ? J’ai lieu d’en douter, car, vous l’avouerai-je ? J’ai eu de