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qui sont encore bien vifs dans la mémoire de tous les vieux habitants de Verchères et de Chambly.

Je tiens cette histoire de mon grand-père, qui, lui, la tenait de son grand-père. On dit que l’histoire est bien authentique, quoique le curé hoche la tête quand on lui demande si elle est véridique.

Tout le monde avait la chair de poule quand le père Ambroise eut fini son histoire macabre. Le bonhomme commençait son récit sur un ton doucereux, puis s’animait à mesure qu’il avançait. Il imitait la voix des différents personnages, gesticulait, riait, pleurait, suivant le tempérament de son personnage.


XX


Le lendemain soir, le père Comeau était prêt à recommencer ses récits.

— Que voulez-vous que je vous conte, dit-il aux enfants qui s’étaient rassemblés en grand nombre pour l’entendre.

— Contez-nous une histoire où il n’y a pas de diable dedans, dit le petit Thomas, qui se fit l’interprète des autres enfants.

— Si vous voulez, je vais vous raconter une histoire de chasse, ou un conte de Perrault : Le Petit Poucet, par exemple.

— Racontez-nous une histoire de chasse, dirent les enfants à l’unisson.

— C’est très bien ; je vais vous raconter une histoire de chasse vraie, une histoire vécue par mon grand-père lui-même.


HISTOIRE DE CHASSE AU BISON


— Je dois vous dire, d’abord, que mon grand-père Comeau était l’homme le plus brave de la Côte et le meilleur chasseur de son temps. Il connaissait le Canada, depuis les montagnes Rocheuses qui se baignent dans