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— En effet, je n’en connais guère qui lui conviendraient, et encore faudra-t-il qu’il soit catholique. Mais voici l’auto qui gravit la côte. Entrons, pour n’avoir pas l’air de deux amoureux en train de se conter fleurette.

Avant que le dialogue prît fin, la limousine était déjà à la porte cochère. D’un bond Monsieur Drassel se précipita vers l’auto et ouvrit lui-même la porte. Agathe se précipita dans ses bras grands ouverts pour la recevoir.

— Où est maman ? dit Agathe en se dégageant des bras de son père.

— Mais tu ne la vois pas ? Elle est à mes côtés.

— Oh ! pardon, maman, je ne vous avais pas vue.

Une accolade en règle s’en suivit et elle entra dans la maison accrochée au cou de son père et de sa mère pendant qu’un serviteur s’occupait, en turlurettant, à rentrer les bagages.

— Bonjour, Arthur, dit aimablement Agathe au serviteur.

— Bonjour, Mamzelle Agathe, répondit-il gaiement, flatté de cette délicate attention.

— Ah ! comme on est bien chez nous, dit-elle en se jetant dans un grand fauteuil. C’est plus confortable que les bancs de l’école.

Monsieur et Madame Drassel étaient comme des enfants en présence de cette grande jeune fille de dix-neuf ans, aimante, distinguée et sans affectation. Agathe possédait cette distinction naturelle aux enfants qui ne sont pas gâtés par les richesses,