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Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/120

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— Et les usines ? reprit tristement Madame Drassel. Quel dommage que nous n’ayons pas un fils !

— Ce que j’ai toujours déploré ; mais à défaut d’un fils il peut y avoir un gendre.

— Et le nom ? questionna plaisamment Madame Drassel.

— Voilà ! Mais que veux-tu, on ne refait pas le passé, et le temps passe si vite ! Il y a à peine vingt ans que j’ai commencé à édifier cette fortune, et déjà la question se pose : À qui la léguerai-je ?

— Mais ne te presse pas ! Tu as encore quarante ans devant toi ! Tu mènes une vie régulière. Il est vrai que tu te surmènes un peu, mais plus tard, peut-être plus tôt que tu ne le penses, tu pourras te reposer sur ton gendre et te la couler un peu plus douce.

— Oui, un fils à papa peut-être, dit mélancoliquement Monsieur Drassel, c’est ça qui repose un homme !

— Agathe pourra choisir !

— C’est bien cela ! Agathe choisira : mais qui choisira-t-elle ? Dans notre état de fortune elle ne peut pas marier le premier venu. Tiens, sais-tu que je préférerais pour Agathe un homme que j’aurais formé moi-même à l’usine ; un jeune homme sobre, intelligent, que je pourrais intéresser ; c’est l’idéal qui me conviendrait.

— Les jeunes gens, forcés par nécessité de travailler et qui auraient les qualités nécessaires pour épouser Agathe, sont assez rares, je crois !