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davantage, depuis le retour d’Agathe, de quitter ce foyer qu’il aimait tant. Étant avant tout un homme d’affaires, il n’hésita pas cependant, le moment venu, à quitter sa famille, après avoir fait ses dernières recommandations à son épouse.

Agathe brûlait du désir d’aller à l’usine. Dès le lendemain du départ de Monsieur Drassel, elle suggéra à sa mère l’idée d’une visite conjointe au cours de midi.

— Il ne faut pas laisser Monsieur Selcault sous l’impression que nous le surveillons, avait répondu Madame Drassel. Nous irons demain après-midi.

— C’est long tout de même, maman !

— Mais quelle mouche te pique ? Tu les as déjà vues les usines et comme je t’ai dit, il ne faut pas avoir l’air de surveiller ; je crois que tu aurais vite gâté la sauce, toi ! Ce serait différent si c’était ton frère qui était resté en charge des usines en l’absence de ton père, mais…

— Toujours le même reproche, maman, dit Agathe d’un air de tristesse qui attendrit Madame Drassel. Ce n’est pas de ma faute, après tout, si je suis du sexe contraire à vos désirs ! À défaut de fils, il y a des gendres qui les remplacent et qui deviennent ensuite de vrais fils. Ça ne sonnera pas trop mal après tout quand vous direz : mon gendre ! continua-t-elle plus gaie.

— Nous verrons au gendre plus tard, répondit Madame Drassel, en s’amusant de la repartie d’Agathe. Tu ne penses pas déjà au mariage ?