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donner tort ou raison de sa conduite. Était-ce lui qui souffrirait le plus de ce dérangement ? Évidemment non, car sa brave épouse, qui se conformait en tout à sa volonté, ne voyait pas d’un bon œil le commencement d’une vie nouvelle, au moment où elle croyait jouir d’un repos bien mérité ; mais sa décision étant prise et bien arrêtée, Pierre Lescault partit pour le ministère de la Colonisation, afin de se procurer les lots nécessaires à son établissement et à celui de ses enfants.

Passant par Québec, la famille Lescault fit le même trajet, à peu près, qu’André devait faire, trois ans plus tard, sans savoir qu’ils se rapprochaient les uns des autres.

Les lots qu’il avait choisis étaient situés au nord du Lac-Saint-Jean, dans une nouvelle paroisse qui ne comptait encore que quelques familles, mais toutes animées du même désir : « clairer » leur terre. L’arrivée de cette nouvelle recrue fut saluée avec joie par les premiers arrivés et par le jeune curé qui hébergeait toujours les nouveaux venus.

Comme ils n’arrivèrent que le samedi, tard dans l’après-midi, leur premier acte fut d’entendre la messe le lendemain.

Lejeune curé prit pour texte de son sermon ces paroles de l’Évangile : « Si donc vous présentez votre offrande à l’autel et que là, vous vous souveniez que votre frère a quelque grief contre vous, laissez votre offrande devant l’autel et allez