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d’abord vous réconcilier avec votre frère. Alors seulement vous pourrez présenter votre offrande. Pardonnez à vos ennemis. Faites le bien pour le mal. »

Ces paroles tombées de la bouche du prêtre impressionnèrent vivement Pierre Lescault et il ne put s’empêcher de laisser voir ses sentiments intimes par une larme qui le trahit.

Lui, le vieil habitant à l’écorce rude et à l’air inflexible, se sentit terrassé par ces paroles de pardon du Sauveur.

Il sortit de l’église tout ému, adressa quelques paroles aux colons qui étaient venus faire sa connaissance et retourna songeur au presbytère, où sa famille le suivit.

La petite chapelle temporaire construite de bois brut, lambrissé de papier gris, avait un air de gaieté que ne s’attendait pas de trouver là la famille Lescault. Ce premier contact avec le Dieu des colons leur donna le courage dont ils croyaient manquer, tant ils s’étaient sentis affaissés après leur départ de Verchères.

XII

Le lundi matin, à quatre heures, Pierre Lescault et deux de ses fils partirent à la recherche de leur lot, guidés par un colon de l’endroit.

— Voici le Chemin du Roi, dit-il en montrant un tracé de chemin au nouvel arrivé. C’est aussi