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seconde entaille fit voler les éclats de bois, puis une troisième et enfin jusqu’à ce que, mortellement blessé, le géant de la forêt s’avouât vaincu et tombât avec fracas sur le sol.

— Mes fils, je vous ai donné l’exemple, dit-il. Faites comme moi.

Les jeunes s’élancèrent à leur tour à l’assaut de nouveaux arbres, pendant que le père ébranchait et coupait en longueur le premier abattu.

À sept heures du soir, la cabane était prête, moins la couverture, à recevoir la famille, qui s’était rendue à l’heure convenue pour habiter ce gîte nouveau. Le père les reçut presque avec joie, malgré le peu de confort qu’il avait à leur offrir.

— Vous avez fait une bonne journée ? dit aimablement Madame Lescault en arrivant sur les lieux.

— J’ te crois et je te présente notre château ! Ce soir, nous aurons le firmament comme toit et les étoiles comme lumière ; mais demain nous serons à couvert et à l’abri des intempéries.

Une cabane de colons n’est pas en effet un château. Construite de pièces de bois rond superposées, liées à queue d’aronde, sur lesquelles repose un toit de branches de cèdre ou de sapin en attendant la paille qui ne viendra que l’année suivante ; une fenêtre à l’est, l’autre à l’ouest ; une porte rustique, des lits de branches sur un parquet de terre, ce n’est pas le « Louvre » ni « Windsor », mais c’est une protection contre les intempéries et les bêtes sauvages.

Pas un mot de récrimination ne fut entendu en face de ces misères et tous étaient remplis de