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XIII

Quoique Pierre Lescault se fût fait colon, il n’était pas arrivé à Sainte-Véronique sans le sou. Son premier soin fut de construire sa cabane assez spacieuse pour se donner un peu de confort, en attendant la construction d’une habitation convenable, qui ferait moins regretter la vieille maison de Verchères.

Après leur première et rudimentaire installation, ils achetèrent chez le marchand du village les meubles indispensables. À l’exemple des marchands de son genre, il tenait en stock tout ce dont peut avoir besoin le colon. Ce marchand, qui était le seul de la localité, était en même temps maître de poste, facteur, propriétaire de la petite scierie qui venait de s’ouvrir, et aviseur des colons.

Après avoir fait un éclairci autour de sa cabane, à l’endroit qu’il avait choisi pour sa future maison, il s’attaqua au taillis voisin qui lui semblait le plus favorable à la culture. Il était d’abord allé s’assurer de la nature du sol, comme il l’avait suggéré à ses quatre fils qui le secondaient dans sa tâche.

Une semaine de travail à peine avait suffi à nettoyer un arpent de terre ; mais aussi avec quel entrain y allait-on. Comme Chantecler, c’est lui qui faisait lever le soleil, car l’aurore ne le surprenait jamais au lit. Il allait se dégourdir