Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 92 —

en abattant quelques arbres, disait-il, avant d’éveiller ses fils. Ceux-ci secondaient vaillamment leur père qui leur donnait un si bel exemple de courage.

— Je vous ai fait réserver chacun un lot, dit-il un beau matin à ses vaillants gas, comme ils étaient à abattre de petits sapins qu’ils convertissaient en bois de pulpe…, j’en ai fait aussi réserver un pour… André…, si ça lui dit de revenir à la terre.

— Nous serions bien heureux de le voir établi près de nous ! dirent à l’unisson les quatre robustes jeunes colons.

— Qu’à Dieu il plaise ! répondit le père. Ici on ne profane pas le dimanche. Mais replante-t-on un arbre après qu’il a séché ? Je n’ai guère confiance aux déracinés, moi.

— J’ai ouï dire, répondit Joseph, le plus âgé des garçons, que l’on profane le dimanche dans la région, non loin d’ici.

— Dieu les rejoindra, ceux-là, comme il a rejoint les autres. Du moins il n’y a pas de cinémas ici. Ah ! les cinémas m…, ajouta-t-il en serrant les dents. Si André ne les avait pas fréquentés, il ne lui serait peut-être pas arrivé malheur ; mais de voir cette école de vol constamment sous ses yeux, il a perdu la tête ! Ce n’était pas un mauvais garçon après tout. On l’avait fait instruire, c’est vrai ; mais il serait resté bon s’il n’avait pas rencontré de mauvais compagnons qui l’ont sans doute entraîné.