Page:Lamairesse - Kama Sutra.djvu/32

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qui se trouvent dans les poètes, les seuls docteurs ès-mœurs de l’antiquité payenne ; on a cité aussi quelques poètes hindous et deux morceaux concernant les Chinois. On a complété chaque appendice par la morale Iranienne, soit la morale chrétienne empruntée à la Théologie morale du père Gury, en se bornant à un petit nombre d’articles accompagnés quelquefois de renseignements physiologiques.

Ce rapprochement des textes divers se rapportant respectivement à chaque sujet, permet au lecteur de se faire une idée relative très exacte des trois morales sur chaque point traité.

Celle que notre raison préfère est évidemment la morale Iranienne socialement le plus recommandable, source des plaisirs les plus purs et, par cela même, peut-être les plus grands, parce que le cœur y entre pour une forte part.

La morale du Paganisme nous séduit par sa facilité, par l’art et la poésie qui l’accompagnent ; mais, à la réflexion, nous sommes frappés d’une supériorité de l’Art d’Aimer de Vatsyayana sur celui des poètes latins. Ceux-ci ne chantent que la volupté, le plaisir égoïste, et souvent le libertinage grossier d’une jeunesse habituée à la brutalité des camps. Vatsyayana donne pour but aux efforts de l’homme la satisfaction de la femme. C’est déjà, indépendamment même de la procréation, un point de vue altruiste par comparaison avec celui auquel se plaçaient les rudes enfants de Romulus, tels que nous les ont dépeints Catulle, Tibulle et Juvénal. On sait que ce dernier commence sa satyre sur les femmes de son temps par le conseil de prendre un mignon plutôt qu’une épouse pour laquelle il faudrait se fatiguer les flancs. La philopédie (ϕιλοπαιδια) était plus en honneur à Rome que le mariage ; elle était inconnue à l’Inde brahmanique ; Vatsyayana n’en fait même pas mention.

Un autre avantage des Indiens sur les Romains, c’était la décence extérieure dans les rapports entre les deux sexes. Les bonnes castes de l’Inde n’ont jamais rien connu qui ressemble à l’orgie romaine sous les Césars et au cynisme de Caligula.

Dans l’antiquité, une intrigue amoureuse n’était point une affaire