Page:Lamairesse - L’Évolution religieuse et le bouddhisme.djvu/13

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L’homme des premiers âges, condamné à beaucoup de misères et à des luttes incessantes contre la nature animée et inanimée ne put avoir que bien peu de sentiments altruistes et sa religion dut être égoïste. Toute cause, toute force qu’il ne pouvait combattre, fut à ses yeux une puissance surhumaine, esprit, génie ou démon, une déité. Après avoir admis ces personnalités, il était naturel de se les figurer comme se transportant d’un lieu dans un autre pour y produire les effets qu’on leur avait originairement attribués et d’autres encore. De là l’Animisme ou Démonisme ; la croyance au règne des esprits, des génies, qui, évidemment, a été générale et qui semble avoir, pendant des siècles, formé presque à elle seule la religion de toute la Haute-Asie.

Parmi ces esprits, ces génies, par une pente fatale, on admit bientôt les revenants, les spectres prolongeant la vie humaine au-delà de la tombe. C’était le polythéisme à l’état moléculaire pour ainsi dire et encore complètement égoïste. Les génies ou démons se divisaient naturellement en deux catégories hostiles entre elles, les bienfaisants et les malfaisants ; les derniers étaient dans l’origine tout à fait prédominants, alors que les hommes étaient presque toujours sous l’empire de la peur. Mais à mesure que l’humanité grandit et se fortifia, les bons génies prirent le dessus sur les mauvais ; les législateurs et gouvernants s’efforcèrent de leur faire gagner la suprématie pour détruire la superstition. C’est ainsi que les empereurs chinois opposèrent toute une hiérarchie officielle de bons génies aux démons populaires. Le mazdéisme paraît