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de dynastie en dynastie, quelle que fût la famille qui occupât le trône. Des pouvoirs sans limite lui étaient attribués lorsque le souverain régnant voulait réunir dans ses dévotions et ses sacrifices tous ses prédécesseurs dont il désirait l’assistance spirituelle. L’idée comprend en conséquence beaucoup de monarques qui avaient reçu l’apothéose ; en leur qualité de gardiens du trône qu’ils avaient occupé pendant un temps, tous ces empereurs étaient et sont encore invoqués pour leur appui spirituel par leurs héritiers jusqu’à ce jour[1].

Les Annales de la Chine mentionnent d’abord les Empereurs mythologiques. L’un invente la cabane, l’autre le eu, le 3e les arts de la paix, le 4e l’agriculture, le 5e la ville et les armes ; le 6e voit paraître les spectres, le 7e les dompte, le 8e les honore dans le tombeau et le 9e se présente comme le rythme du Nombre. C’est une sorte de Genèse administrative.

Le rôle attribué aux quatre derniers confirme l’existence d’une religion des esprits et par conséquent des magiciens que la domination impériale a domptée ou absorbée.

Les temps historiques commencent pour la Chine vers l’an 2,000 avant Jésus-Christ, par Yao et Chun. D’après Confucius, l’Empereur Yao mit la paix dans la famille, le bon ordre parmi les fonctionnaires et l’union dans tous les pays.

Il avait évidemment un pouvoir absolu qu’il exerçait dignement, car il se déclarait responsable de tout dans le sens le plus illimité. « Le peuple a-t-il faim ou froid c’est ma faute ; commet-il des crimes, j’en suis l’auteur. »

Yao, après avoir mis Chun à l’essai comme premier ministre et en lui donnant ses deux filles en mariage[2], l’associé à l’Empire, et il devient le type de l’homme qui sait commander comme il sait obéir, maxime Chinoise aussi pédagogique que contestable. Resté seul, Chun fortifie le

  1. Notice du missionnaire américain Wells William, traduite par M. Léon de Rosny. Les mots Chang-ti signifient. : « Suprême souverain ». Plusieurs Sinologues y avaient vu la personnification du Monothéisme de la Chine primitive.
  2. Ces deux filles ont été divinisées comme génies des deux plus grands fleuves de la Chine.