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remplissait les fonctions de gardien (conservateur) du palais des Archives à la cour des Tcheou. Les malheurs des temps, dit-on, lui firent chercher une réforme. Mais cette réforme n’était que dans Tordre des idées, car il n’avait rien d’un législateur.

Lao Tseu pratiqua le Tao et la Vertu. Il vécut dans l’obscurité et demeura longtemps dans le royaume des Tcheou ; lorsqu’il vit leur dynastie tomber en décadence, il abandonna sa charge et se rendit à une barrière située aux limites du domaine royale. Là il composa le Tao the king qui renfermait cinq milliers de caractères. Puis, il s’en alla, on ne sait où il termina son existence[1].

Le mot Tao est interprété diversement par les synologues ; pour les uns, c’est la nature dans son origine et sa perfection, comme la Nature naturante de spinosa ; pour d’autres le principe nécessaire et universel des choses, d’où part et où revient tout ce qui existe ; quelques-uns y voient la Raison Universelle, λογος de Platon et le verbe de St—Jean l’Evangéliste ; pour Stanislas Julien, c’est la voie par laquelle tout passe, et le Tao the king est. Le livre de la Voie et de la Vertu.

M. Frank pense que toutes ces significations étaient également et confusément admises par Lao Tseu. Les deux premières ressortent évidemment des deux textes suivants : 1° « Toutes choses sont nées de l’être, l’être est né du non être » c’est-à-dire d’un principe qui ; tant qu’il est indéterminé, n’a pas de nom et est pour nous comme s’il n’existait pas — 2° « Tous les êtres ont été créés simultanément, puis ils retourneront à leur source première. »

D’après un autre texte, cette sortie de tous les êtres du sein du Tao, c’est la vie, et leur rentrée est le signal du

  1. On rapporte que Lao Tseu fit son voyage dans l’Ouest, monté sur un bœuf de couleur bleuâtre, ainsi que le représentent beaucoup de statuettes chinoises. Suivant M. de Rosny, cette légende est très moderne et on ne possède rien qui justifie des rapports de Lao Tseu avec l’Occident. Cependant ces rapports n’ont rien d’impossible si Ton considère que l’hospitalité était universellement pratiquée dans les temps anciens et en outre que tout homme qui avait un caractère religieux, fût-il un étranger, était l’objet d’un respect et d’égards particuliers.