Page:Lamairesse - L’Inde après le Bouddha.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 2 —

n’impliquait aucun culte particulier et elle pouvait tolérer l’idolâtrie populaire.

2° Le Zéobatisme, espèce de Panthéisme naturaliste. En Égypte, comme dans l’Inde, la force de beaucoup d’animaux supérieure à celle de l’homme alors mal armé, et la puissance irrésistible de la nature animale par le nombre, comme par exemple celle des sauterelles, portèrent les peuples à diviniser les animaux, à leur faire des sacrifices pour les apaiser. De là le Panthéisme naturaliste des prêtres. Les Égyptiens adoraient les animaux comme étant des incarnations de la divinité. On retrouve, même aujourd’hui, cette idée dans l’Inde qui a une espèce d’animaux sacrés et divins dans chaque genre, par exemple, le Milan brame, l’espèce la plus belle, que les Indiens recueillent et nourrissent dans leur vieillesse.

Lorsqu’on voit au musée de Boulacq le nombre infini d’animaux de tout ordre qu’adoraient les Égyptiens et lorsqu’on songe, en même temps, à la prodigieuse animalité de l’Égypte et à l’antiquité presque insondable de sa civilisation, on ne peut s’empêcher d’admettre, ainsi que l’écrivait Hérodote, en l’an 455 avant J.-C. qu’elle fut le berceau de la métempsycose, avec le dogme de l’Individualité de l’âme Immortelle, bien reconnu par les prêtres d’Égypte sous le second empire et proclamé par le Bouddha.

3° Le troisième degré de la doctrine secrète était le Hiohahisme (ressemblance de nom avec Jéhovah) ou le culte unique d’un Dieu indépendant du monde matériel. — « Les Inscriptions », dit M. de Voguë, démontrent, qu’au fond de la religion Égyptienne et malgré les apparences contraires, il y a la croyance au Dieu unique et éternel. Moins personnel que celui de la Bible et, surtout moins distinct de la matière créée, le Dieu Égyptien est pourtant incorporel, invisible, sans commencement ni fin. Les innombrables divinités du Panthéon sont les attributs personnifiés, les puissances divinisées de l’Être incompréhensible et inaccessible. Cause et prototype du monde visible, il a une double essence ; il possède et résume les deux principes de toute génération terrestre, le principe mâle et le principe femelle. C’est une dualité dans l’unité ; conception qui, par suite du dédoublement des symboles, a donné naissance à la série des divinités femelles ».