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sième, appartenant à l’intelligence, est la science ou la sagesse. Ces trois forces, indifférentes par-elles-mêmes, ne prennent, ce nom que par le bon usage que la volonté en fait, car, dans le mauvais usage, elles dégénèrent en abrutissement, en vice et en ignorance. L’instinct perçoit le bien ou le mal physique résultant de la sensation ; la vertu connaît le bien et le mal moraux existant dans le sentiment ; la science juge le bien ou le mal intelligibles qui naissent de l’assentiment. Dans la sensation, le bien et le mal s’appellent plaisir ou douleur, dans, le sentiment, amour ou haine ; dans l’assentiment, vérité ou erreur.

La sensation, le sentiment et l’assentiment résidant dans le corps, dans l’âme et dans l’esprit, forment un ternaire qui, se développant à la faveur d’une unité relative, constitue l’homme considéré abstractivement.

Les trois affections qui composent ce ternaire agissent et réagissent les unes sur les autres ; et s’éclairent ou s’obscurcissent mutuellement ; l’Unité qui les lie, c’est-à-dire l’homme se perfectionne ou se déprave, selon qu’elle tend à se confondre avec l’Unité universelle ou à s’en distinguer (brahmanique).

Le moyen qu’elle a de s’y confondre ou de s’en distinguer, de s’en rapprocher ou de s’en éloigner, réside tout entier dans sa volonté qui, par l’usage qu’elle fait des instruments que lui fournissent le corps, l’âme et l’esprit, s’inctinctifie ou s’abrutit, se rend vertueuse ou vicieuse, sage ou ignorante et se met en état de percevoir avec plus ou moins d’énergie, de connaître et de juger avec plus ou moins de certitude ce qu’il y a de bon, de beau et de juste dans la sensation, le sentiment ou l’assentiment, de distinguer avec plus ou moins de force et de lumière bien et le mal ; et de ne point se tromper enfin dans ce qui est réellement plaisir ou douleur, amour ou haine, vérité ou erreur.

L’homme placé sous la domination de la Providence, entre le passé et l’avenir, doué d’une volonté libre par son essence et se portant à la vertu ou au vice de son propre mouvement doit connaître la source des malheurs qu’il éprouve nécessairement et, loin d’en accuser cette même providence qui dispense les biens et les maux à chacun selon son mérite et ses actions antérieures, ne s’en prendre qu’à lui-même s’il souffre par une suite inévitable de ses fautes passées, commises avant ou pendant l’existence présente.

Cette nécessité dont l’homme ne cesse de se plaindre, c’est