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Cependant tu as fait construire cette demeure, image de l’enfer, où des milliers d’hommes sont mis à mort. Ô roi des hommes ! donne, en la détruisant, la sécurité aux êtres qui implorent la compassion !

Le roi joignant les mains en coupe répondit :

« Pardonne-moi, ô fils du sage, cette mauvaise action dont je m’accuse devant toi ; je me réfugie auprès de Bouddha, de la Loi et de l’Assemblée. Je couvrirai la terre de Dzeddis (Stoupas) qui brilleront comme l’aile du Cygne, comme la Conque et comme la Lune.

Le roi voulut alors quitter la prison, mais Tchandagorika lui dit les mains jointes : Ô roi, tu m’as promis qu’aucun homme entré ici n’en sortirait plus ! Tu voudrais donc me mettre aussi à mort, s’écria Açoka. Oui, répondit le bourreau. Quel est, reprit le Roi, celui de nous deux qui est entré le premier ? Moi, dit Tchanda Gorika ; « alors tu dois mourir d’abord ». Il le livra à ses propres aides et fit démolir la maison agréable.

Telle est, sur la conversion d’Açoka, la légende du Népaul tout à fait dans le goût hindou.

La légende birmane, beaucoup plus sobre, fait opérer la conversion par un jeune religieux dont la distinction, l’éloquence et la sainteté gagnèrent le cœur du roi.

À partir de ce moment, Açoka fut un protecteur de plus en plus déclaré des Bouddhistes qui, alors l’appelèrent Darmachoka. Son empire s’étendit au Nord au-delà du Thibet et au Sud jusqu’à l’Océan.

Il rendit un grand nombre d’édits en faveur de la morale et de la religion. On en retrouve inscrits sur des piliers ou gravés sur des Stèles et sur le roc en vingt endroits de l’Inde, à Gunar, à Khalsi, à Jaugada, à Deuli, à Kandaghiri. Il y a à Allahabad un édit, dit de la Reine ; Ces inscriptions de Pyadaci sont les plus anciennes que nous possédions de ces pays.

Plusieurs des édits étaient accompagnés de la représentation gravée sur le rocher d’un éléphant, ou de l’arbre Boddhi ou de quelque autre symbole bouddhique. Dans le 13e édit l’éléphant est qualifié de grand éléphant, d’éléphant par excellence. On sait que l’éléphant blanc est une représentation symbolique du Bouddha.

Les sept premiers édits sont antérieurs à la conversion officielle du roi : mais on reconnaît facilement qu’il était