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Page:Lamairesse - L’Inde après le Bouddha.djvu/69

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roi ? Certainement. — Et la mienne ? Aussi dut répondre Yakas.

Et si ma tête, cet objet sans valeur, rencontre quelque occasion de se purifier, qu’y a-t-il de contraire à l’ordre ? Tu regardes la Caste dans les Religieux de Çakya et tu ne vois pas les vertus. On s’enquiert de la Caste pour une invitation ou un mariage ; mais les vertus ne s’inquiètent pas de la Caste. On méprise un homme de haute naissance pour ses vices, et on honore un homme de basse extraction pour sa vertu.

Le héros compatissant des Çakyas (Bouddha) a dit : Pour les sages, les choses sans valeur sont précieuses. Celui qui est éclairé par le sage aux dix forces, ne fait pas de différence entre le corps d’un prince et celui d’un esclave. Ce qui est essentiel en ce monde, ce que les sages doivent honorer, peut se trouver dans un homme vil. »

Il fit des Religieux de ceux de ses fils qui ne devaient point régner. Par là, il relevait et s’attachait les religieux Bouddhistes. — En même temps il préservait les jours de ces enfants menacés dans l’avenir par l’usage des princes orientaux d’immoler leurs frères à leur propre sécurité.

Il restait à Açoka un seul frère nommé Vitaçoka. Pour qu’il ne pût devenir un prétendant, il le força à se faire moine. Là nous retrouvons sous une forme Indienne l’histoire de l’épée de Damoclès. Sous le prétexte que Vitaçoka avait essayé les ornements royaux pour les porter un jour, Açoka le remit aux mains du bourreau ; puis feignant de céder aux prières de ses ministres, il lui accorda la vie pour sept jours, pendant lesquels il jouirait de tous les privilèges et plaisirs de la royauté. Chaque soir, le bourreau rappelait à ce roi éphémère le compte de ses jours. Le 7e jour, il fut conduit devant Açoka qui lui demanda quel plaisir il avait pris aux chants, aux danses, au concert des instruments, aux acclamations de la foule, etc.

Vithaçoka répondit : Je n’ai rien vu que les exécuteurs assis à ma porte, avec leur vêtement bleu ; rien entendu que le son de leur cloche ; je n’ai pas connu le sommeil, j’ai passé mes jours et mes nuits à songer à la mort.

Alors Açoka lui dit : « Si la crainte de perdre une seule vie, péril toujours suspendu sur un roi, t’a empêché de