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CHAPITRE IV
LÉGENDE DE KUNALA

C’est au règne d’Açoka que remonte la légende Hindoue qui correspond à celle de Phèdre chez les Grecs. Elle s’est transmise jusqu’à nos jours par un poème très populaire et par une tragédie que nous avons vu représenter à Pondichéry sur une scène improvisée plus vaste que celles des théâtres antiques, telles qu’on les voit à Pompeï et Herculanum. Les différents actes de la tragédie figuraient à l’Exposition Universelle de 1866 dans une série de tableaux très curieux, très exacts et d’un beau coloris.

À Pondichéry, cette représentation théâtrale n’a lieu que tous les 5 ans ; les frais qui sont assez considérables, en sont faits par un riche dévot.

Nous allons reproduire cette légende en lui restituant sa couleur bouddhique primitive à l’aide du récit de M. E. Burnouf.

Le roi Açoka avait fait présent à chaque religieux de trois vêtements, à l’Assemblée de 400,000 manteaux. Il avait établi 84,000 Édits royaux de la Loi.

Le jour où il promulgua ces édits, la reine Padmavati mit au monde un fils beau, gracieux, dont les yeux brillaient du plus vif éclat. Le roi s’écria : « C’est parce que je gouverne suivant la Loi qu’il m’est né un fils. Qu’ils sont purs les yeux de cet enfant ! Ils ressemblent à un lotus bleu bien épanoui. »

Ses ministres lui dirent : Sur le sommet d’un des pics du Mont, Roi des neiges (l’Himmalaya) qui est riche en arbustes, en plantes précieuses et en eaux, habite un oiseau qui se nomme Kunala. Les yeux de ton fils ressem-