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Page:Lamairesse - L’Inde après le Bouddha.djvu/77

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pourront voir constamment le Lotus de la face de mon fils.

Lorsque le jeune prince arriva dans le voisinage de Takahacita, les habitants vinrent à sa rencontre portant entre leurs mains des vases pleins de pierreries et lui dirent avec, respect :

« Nous ne nous sommes pas révoltés contre le roi Açoka, mais contre de mauvais gouverneurs qui nous ont accablés d’outrages. » Kunala fit son entrée en grande pompe dans la ville.

Cependant le roi Açoka fut atteint d’un mal terrible qui lui faisait rendre ses excréments par la bouche et dont rien ne pouvait le guérir. Il commanda qu’on fît venir Kunala qu’il voulait placer sur le trône.

Tichya Rachita, craignant tout pour elle-même, si le roi accomplissait son intention, dit à Açoka : « Prince, je me charge de te rendre la santé, si tu veux te confier à mes soins. » Elle fit venir un pasteur qui avait la même maladie que le roi et le fit mettre à mort. On trouva dans ses intestins le ver solitaire et on reconnut qu’on pouvait le faire périr avec de l’oignon. La reine alors fît manger, à titre de médicament, de l’oignon au roi qui s’y était d’abord refusé, parce que cette substance est interdite aux Kahattryas (Loi de Manou).

Quand le roi fut guéri, il demanda à Tichya Raschita quelle faveur elle désirait. Accorde-moi, lui répondit-elle, l’exercice de la royauté pendant sept jours ». À peine Açoka y eut-il consenti, qu’elle écrivit à Takahacita ; « Le roi Acoka fort et violent ordonne aux habitants de Takahacita d’arracher les yeux à Kunala son ennemi, la honte de la dynastie des Mauryas » — et elle scella la lettre du Sceau Royal.

Les habitants craignant d’encourir, par un refus, la colère terrible du roi, firent venir les Tchandalas (chargés des exécutions) ; mais ceux-ci refusèrent leur office, malgré les présents que leur offrit le prince. Un seul habitant, le plus vil de tous, consentit ; le prince lui dit :

« Je ne tremble pas, ami, à l’idée de ce supplice ; car j’ai tiré de mes yeux le parti le plus utile ; puisque j’ai vu que les objets sont périssables ; qu’on me les arrache suivant l’ordre du roi !

Arrache d’abord un œil et mets-le moi dans la main. En le prenant le prince dit :