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Tous les Bouddhistes s’accordent à reconnaître Bénarès pour le premier foyer du Bouddhisme[1].

Eitel fait voir que le Bouddha et le Bouddhisme n’ont point été en application et en fait pessimistes ; que le pessimisme qui a été imposé à leur métaphysique par les doctrines et les misères au milieu desquelles ils sont nés[2] et les théories de l’annihilation ne sont jamais devenus dans aucun pays bouddhiste la foi populaire, il en donne pour preuves la douceur, la quiétude, la jovialité que l’on rencontre chez les bonzes et dans le peuple, partout, sauf peut-être à Ceylan plutôt brahmaniste que bouddhiste, et la gaieté des fêtes bouddhiques, même funéraires, qui a été universellement remarquée[3].

Oldenberg réfute Kern et se place à un point de vue différent de celui de M. Senard. Il représente Bouddha et son œuvre tels qu’ils se dégagent du Canon pâli où

  1. Un commentaire du Dighanokâya raconte que, au moment où parût Çakyamouni, nombre de gens parcouraient le monde en disant : « Je suis Bouddha, je suis Bouddha. »

    L’un des docteurs dont Bouddha suivit l’enseignement était, pense-t-on, l’initiateur du jaïnisme.

    Il y a une coïncidence remarquable entre le nombre 24 des Avatars de Vichnou, des prophètes ou Tirthamkaras jaïns et des Bouddhas terrestres. Toutefois les jaïns qu’on appelle aussi les brahmes nus me paraissent dériver plutôt d’un courant philosophique et yoguiste que d’un courant héroico-religieux.

  2. La fin de l’ascète brahmanique est un véritable suicide religieux qu’on retrouve jusque dans le Baghavata Pourana. On voit dans le kandjour Thibétain que les Thirtikas (brahmes nus ou jaïns) conseillaient le suicide aux criminels qui demandaient à entrer dans leur ordre.
  3. Bouddha a dit : « Je suis venu pour faire cesser la triple douleur du monde. » Le Bouddhisme est peut-être la seule religion dans laquelle la mort ne soit pas redoutée, bien qu’il condamne le suicide. La fin de toutes les épreuves est pour tous un couronnement ; Sukhavati, bodhification ou Nirvana. Sur la question du Nirvana, Oldenberg a obtenu des textes palis la réponse vraie : « Le Bouddha n’a rien enseigné à cet égard ; c’est une des questions qu’il a expressément déclinées ou réservées. Le Nirvana mettra fin à la douleur et à la mort ; c’est tout ce qu’il est permis de savoir.