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croyance aux Nats, génies presque tous bienfaisants, gardiens du foyer domestique, des eaux, des bois etc. ; quelquefois mauvais esprits, comme ceux qui causaient les maladies des hommes ou des troupeaux. Les missionnaires Bouddhistes ne prirent aucun souci d’écarter ces sortes d’anges ou démons que l’on trouve partout, à l’origine de toutes les religions et ils les admirent à occuper dans les légendes religieuses et dans les séjours fortunés la place que le Bouddhisme Indien avait accordée aux Dewas, ces déités brillantes, mais tout à fait secondaires du Brahmanisme, et aux Assuras leurs ennemis.

Pour se rendre favorables le Nat ou les Nats gardiens d’un lieu qui leur est cher ou sacré à quelque titre, les Bouddhistes Birmans font des offrandes aux Nats gardiens de ce lieu. La matière et la formule de l’offrande sont celles de toutes les cérémonies bouddhiques. On présente des fleurs, du riz bouilli, des bananes et autres fruits en prononçant ces mots.

« Croyant dans les trois choses précieuses, je fais cette offrande afin d’être délivré de toutes les misères présentes et futures.

Puissent tous les êtres existant dans les quatre états de punition arriver aux sièges fortunés des Nats ! Que tous mes parents et les hommes aient une part à cette offrande méritoire etc. » (Le reste comme à la formule du roi Pimpisara, vie de Bouddha).

Lorsqu’un médecin se déclare impuissant contre une maladie, on recourt à un sorcier. Une femme parente du défunt, de préférence une jeune fille, commence à danser au son des instruments de musique avec un rythme assez tranquille, puis peu à peu elle accélère ses mouvements jusqu’à arriver au paroxysme de la frénésie. Alors elle s’affaisse comme évanouie. À ce moment le conjureur lui demande si le Nat malin a été chassé, et sur sa réponse affirmative, il ordonne au médecin de reprendre le traitement de la maladie.

Le plus souvent, ce sont les médecins eux-mêmes qui jouent le rôle d’exorciseurs ; car la plupart des médecins dans l’Indo-Chine emploient la magie. Dans ce cas, la cérémonie devient une sorte de fête, la fête de l’esprit possesseur. Plusieurs femmes, de préférence des jeunes filles auxquelles on prête le pouvoir de charmer les Nats,