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se livrent à des danses frénétiques jusqu’à épuisement. Dans cet état le médecin les interroge sur la cause de la maladie et les remèdes à y appliquer, et elles donnent des réponses.

Les choses se passent de même au Thibet, sauf que le médecin est un Lama.

La place faite aux Nats a donné satisfaction aux anciennes croyances du pays, sans changer absolument rien à la doctrine ni à l’esprit de l’institution bouddhique ; ceux-ci se sont donc conservés en Birmanie purs de toute altération ; ils n’avaient ni ennemis ni corruption à combattre, ni compromis à faire avec un culte établi ; le seul écueil de cette situation était le sommeil de l’esprit, l’abandon de l’étude et du travail spirituel. C’était là un inconvénient et un danger pour chaque religieux, pour chaque dévot considéré individuellement, mais ce n’en était point un pour la doctrine ; elle persistait ainsi dans son état primitif dont une élaboration active l’aurait éloignée. Les religieux Birmans apprenaient, étudiaient plus ou moins les livres sacrés, mais ne se livraient point à des interprétations, des commentaires, des inductions ou déductions. Ils s’en tenaient à cet aphorisme des premiers conciles :

« Il n’y a de bien dit que ce qu’a dit Bouddha ; il n’y a d’ordonné que ce qu’il a prescrit ; tout ce qui n’est pas défendu est permis. »

Les livres sacrés apportés ou transmis suffisaient pour éclairer et nourrir la piété des fidèles, et l’instruction de la jeunesse dont étaient chargés les religieux ne les laissait pas oisifs.

La foi se conserva ainsi dans sa pureté et sa ferveur originelles à ce point que les bouddhistes de Ceylan, lorsqu’ils ont eu à réformer leur discipline ou à l’éclairer, se sont adressés aux religieux Birmans comme au modèle le plus parfait et à la meilleure source.

L’œuvre de Bouddha est là telle qu’il l’avait conçue :

1o La religion complètement séparée de l’État et des Institutions sociales, absolument indépendante des Ingérences et des vicissitudes humaines, ne portant point ombrage ni dommage à l’État par des possessions territoriales.

2o La division des croyants en deux classes : la classe