Page:Lamairesse - La Vie du Bouddha, suivie du Bouddhisme dans l’Indo-Chine.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 84 —

que son fils n’est pas encore jusque-là devenu un Bouddha, refuse d’ajouter foi à cette nouvelle. Sa mère Maya s’effraie au contraire, quitte en toute hâte le ciel du Toucita pour voler à son secours et le fait revenir à lui. Jugeant l’épreuve suffisante, Gautama cède aux prières de sa mère et consent à prendre des aliments réparateurs. Il blâme hautement les mortifications qui affaiblissent l’esprit en faisant dépérir le corps. « Elles peuvent » dit-il, « aider les hommes sous l’empire des passions, à dompter leurs sens, mais elles ne font gagner aucun mérite et sont inutiles à ceux qui sont parvenus à se maîtriser. » Scandalisés de ce changement subit et surtout de son blâme contre les rigueurs ascétiques si fort en vogue parmi les Brahmes, ses cinq disciples l’abandonnent et se retirent dans la forêt Migadawa.

Resté seul Çakyamouni s’en va quêter sa nourriture au village voisin ; il y est accueilli avec joie, car il a gagné les cœurs ; une jeune femme très riche compose pour lui un breuvage exquis, quintessence du lait de cent vaches ; grâce aux aliments qui sont préparés tout exprès pour la circonstance, il recouvre rapidement ses forces et sa beauté.

Ses vêtements se détachaient de lui en lambeaux ; il va au cimetière, prend le linceul d’une fille du village qu’on venait d’enterrer, le lave et le coud lui-même pour en faire une robe d’Ascète.

Telle est l’origine de la règle imposée aux religieux de se vêtir de guenilles ramassées dans les cimetières, règle qui devait blesser profondément les idées et les préceptes Brahmaniques sur les souillures.

3. Reposé par le bain, Çakyamouni dirigea ses pas vers l’arbre Boddhi, l’arbre de la connaissance sous lequel il devait enfin acquérir l’intelligence suprême ; c’était un magnifique Banian (multipliant) situé à 10 kilomètres au sud du village ou de la colline de Gaya, en un lieu qu’on a depuis appelé Gaïa-Bouddha.

Cet arbre a été renouvelé plusieurs fois par des rois Bouddhistes et détruit par un roi du parti opposé.

Aujourd’hui, on peut voir encore un arbre de cette espèce à cet endroit. À l’Est de cet arbre était le lourd temple en briques qui a été décrit par Hiouen Tsang et qui fut élevé très probablement au vie siècle de notre