Page:Lamarck - Discours (1806).djvu/11

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maintenant d’arbitraire permis à cet égard, et que par la connoissance même que nous acquérons de plus en plus de la nature, nous sommes entraînés et forcés à nous conformer à son ordre.

Il n’est pas un de vous qui en présentant le tableau général des animaux connus, dans l’intention d’offrir un ordre de rapports ou une méthode naturelle, oseroit placer les poissons en tête de la série, la terminer par les oiseaux, et ranger les mammaux et les polypes vers le milieu de sa distribution ? Certes vous avez déjà trop de connoissances pour être tentés de pareille chose, et vous sentez intérieurement que la complication croissante ou décroissante de l’organisation des animaux, entraîne l’ordre invariable des rapports, le véritable rang de chaque systême d’organisation, et conséquemment indique qu’il existe un ordre à suivre dont on ne pourra jamais s’écarter, tant que la considération des rapports naturels sera l’objet de notre attention.

Croyez que dans les végétaux où la connoissance des rapports naturels a fait déjà de grands progrès, la cryptogamie qu’il est plus convenable de nommer agamie, occupera nécessairement désormais une des extrémités de l’ordre ; et ne doutez pas que si l’autre extrémité n’est pas encore déterminée avec la même certitude[1], cela ne vienne de ce que les connoissances de l’organisation des végétaux sont beaucoup moins avancées que celles que nous avons sur l’organisation d’un grand nombre d’animaux connus.

Il y a donc, pour les animaux comme pour les végétaux, un ordre qui appartient à la nature, qui résulte des moyens qu’elle tient de l’auteur suprême de toute chose, et qu’elle a employé pour donner l’existence à ses productions ; un ordre qu’il s’agit de parvenir à déterminer en son entier pour chaque règne des corps organisés, et dont nous possédons déjà diverses portions dans les familles bien reconnues et dans nos meilleurs genres soit d’animaux soit de plantes ; un ordre enfin qui ne permet dans ses masses aucun arbitraire de notre part, et qui doit offrir à ses deux extrêmités les corps vivant les plus dissemblables ou les plus éloignés sous tous les rapports.

Je m’empresse de vous présenter ces grandes considérations ; parce que je suis persuadé que tant que l’histoire naturelle sera cultivée,

  1. Voyez dans le second volume de l’hist. nat. des végétaux, édition de Déterville, mon essai sur une distribution naturelle et générale des plantes.