Page:Lamarck - Discours (1806).djvu/13

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Ce sont là des faits positifs ; ce sont les résultats incontestables des connoissances actuelles que nous devons à l’observation et aux progrès évidens de l’anatomie comparée.

Si l’on peut former, et même si la conservation des rapports naturels exige que l’on forme une série générale dans laquelle tous les animaux connus seront distribués ; la formation non arbitraire de cette série ne pourra s’exécuter facilement que par le placement des masses, comme je l’ai déjà prouvé ailleurs (Rech. sur l’organisation des corps vivans, p. 39), et non par la distribution des espèces ni même des genres.

Or, par les masses d’animaux, j’entends les classes naturelles et les grandes familles, c’est-à-dire les grandes portions reconnoissables de l’ordre de la nature ; et en disant que c’est uniquement par le placement de ces portions de l’ordre de la nature que la série générale peut être formée, je me fonde sur la connoissance acquise, qui nous apprend que les animaux que comprend chacune de ces classes ou de ces grandes familles, présentent dans leur organisation un systême d’organes particuliers qui leur est propre et essentiel ; et sur ce que ces systêmes particuliers d’organes différent entr’eux d’une manière évidente par des degrés de complication et de perfectionnement d’organisation, qui fixe, sans arbitraire de notre part, la place que chacun d’eux doit occuper dans la série générale.

Ce sont encore là des faits certains, et non des produits du raisonnement ni d’aucune opinion particulière. On peut donc assurer que dans le règne animal, l’état de l’organisation et son degré de composition dans chaque masse, règlent d’une manière forcée le rang que doivent avoir, dans l’ordre général, toutes les grandes masses qui appartiennent à ce règne.

S’il y a encore des distributions arbitraires en zoologie, ce n’est plus maintenant que dans celles qu’on exécute pour chaque classe particulière. Aussi vous voyez encore tous les jours de nouvelles distributions présentées pour la classe des mammifères, pour celle des oiseaux, pour celle des poissons, pour celle des insectes, &c. et vous allez en sentir la raison.

Je vous ai dit que chaque masse distincte a son systême particulier d’organes essentiels, et que ce sont ces systêmes particuliers qui vont en se dégradant depuis celui qui présente la plus grande complication, jusqu’à celui qui est le plus simple. Mais chaque organe considéré isolément, ne suit pas une marche aussi régulière dans ses