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l’origine de ces corps vivans, sur la formation et les développemens de leurs organes divers.

Ces animaux ont le corps mollasse ou affermi par la consistance coriace et quelquefois crustacée de leurs tégumens. Ils sont éminemment contractiles, au moins dans certaines de leurs parties, sur-tout ceux qui n’ont point leurs tégumens coriaces ; et au lieu de sang, ils n’ont réellement qu’une sanie blanchâtre par sa nature, mais qui, dans un très-petit nombre, ne se trouve plus ou moins rougeâtre, que parce que cette sanie se colore par un sang étranger dont vivent ces animaux.

La rapidité de la dégradation de l’organisation des animaux sans vertèbres est si grande, et les systêmes organiques particuliers qu’ils présentent sont tellement diversifiées entr’eux, que les animaux de cette division paroissent n’avoir de commun les uns avec les autres que le caractère d’animal, et que le défaut de colonne vertébrale.

Cependant en les examinant avec beaucoup d’attention, on s’apperçoit qu’ils offrent encore quelques considérations plus ou moins générales par lesquelles ils sont liés les uns aux autres.

Ceux qui ont un systême médullaire ou nerveux, n’en ont jamais les parties principales enfermées dans une boîte et dans une gaine solide et osseuse, comme on le voit dans les animaux à vertèbres  ; et dans tous ceux qui ont des parties dures qui maintiennent leur corps, ce sont toujours des tégumens ou des enveloppes extérieures qui font cet office.

Aucun des animaux sans vertèbres n’a de pattes comparables à celles des animaux à vertèbres qui en possèdent ; car dans celles-ci les os qui les affermissent sont des dépendances véritables du squelette ; aussi ne sont-elles jamais au-delà de quatre.

L’homme voulant toujours forcer la nature à se plier à ses vues habituelles et bornées, résiste tant qu’il peut à reconnoître la grande diversité de ses moyens et ses ressources infinies : delà vient que ceux qui cessent de trouver dans tel systême d’organisation soit des nerfs, soit des vaisseaux, soit des muscles, soit telle autre sorte d’organe quelconque, pensent toujours néanmoins que ces parties ne cessent pas pour cela d’y exister ; mais ils disent que ces parties sont si déliées qu’on ne peut alors parvenir à les appercevoir ou à les distinguer.

On s’obstine même contre l’évidence, à vouloir toujours voir les