Page:Lamarck - Discours (1806).djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sans vous rappeler aucuns des détails relatifs à cet objet, je me bornerai à vous dire que l’étonnante dégradation dont je viens de vous parler tout à l’heure, et qui est extrêmement frappante dans les animaux à vertèbres, c’est-à-dire dans les mammaux, les oiseaux, les reptiles et les poissons, n’est pas moins remarquable dans les animaux sans vertèbres. Elle s’y manifeste d’une manière aussi évidente et l’on voit dans les uns comme dans les autres, que l’organisation des animaux se dégrade de classe en classe de telle sorte que tous les organes essentiels, après avoir subi divers changemens, cessent peu à peu d’être particuliers à certaines parties du corps, s’étendent par-tout, et disparoissent ensuite successivement et totalement.

Aussi, vers cette extrémité singulière du règne animal, les animaux infiniment petits que nous pouvons encore appercevoir, sont des corps vivans gélatineux, transparens, à peine perceptibles, et d’une organisation si simple, qu’ils n’offrent plus en quelque sorte que des ébauches d’animalité.

Passons à la définition des animaux sans vertèbres, et donnons quelqu’attention aux considérations générales qu’ils nous offrent.


DÉFINITION.

Les animaux sans vertèbres sont ceux qui sont dépourvus de colonne vertébrale, c’est-à-dire qui n’ont pas cette colonne dorsale, presque toujours osseuse, composée d’une suite de pièces articulées, terminée à son extrêmité antérieure par la tête de l’animal, à l’autre extrêmité par sa queue, et qui fait la base de tout squelette véritable.

Les animaux qui manquent de colonne vertébrale sont en général les plus petits et les moins connus des animaux ; et cependant ce sont ceux qui sont les plus multipliés et les plus nombreux qui existent dans les diverses parties de notre globe. Une seule de leurs classes, celle par exemple des insectes, équivaut pour le nombre et la diversité des objets qu’elle comprend, au règne végétal entier.

Il est reconnu qu’ils ont une organisation moins composée et moins perfectionnée que les animaux à vertèbres, qu’ils ont en conséquence beaucoup moins de facultés, et on peut dire que c’est en observant principalement ces singuliers animaux qu’on peut recueillir les faits les plus lumineux et faire les remarques les plus décisives sur