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QUATRIÈME DIVISION.

9.o Les Polypes (classe 13e et dernière du règne animal).

Gemmipares et fissipares, à corps presque généralement gélatineux, régénératif dans ses parties, et n’ayant aucun autre organe spécial qu’un canal intestinal à une seule ouverture.

Reproduction par gemmes ou bourgeons, soit internes, soit externes, ou par une scission du corps.

Les polypes enfin composent la dernière classe des animaux sans vertèbres et de tout le règne animal, et ils présentent le dernier des échelons qui ait pu être remarqué dans la série des animaux, c’est-à-dire le treizième et dernier rang parmi eux.

On peut dire que ces animaux sont à tous égards, les plus imparfaits de tous ceux qui existent ; car, ce sont ceux qui ont l’organisation la plus simple et par conséquent le moins de facultés. On ne retrouve en eux ni cerveau ni moelle longitudinale, ni nerfs, ni organes particuliers pour la respiration[1], ni vaisseaux destinés à la circulation des fluides. Tous leurs viscères se réduisent à un simple canal alimentaire, rarement replié sur lui-même, et qui, comme un sac plus ou moins alongé, n’a qu’une seule ouverture servant à la fois de bouche et d’anus. Encore les animalcules qui forment le dernier ordre de cette classe, n’offrent pas même des traces de cet organe spécial de la digestion.

  1. Qu’on ne dise pas que dans les animaux dont il s’agit, et où l’on ne trouve aucun vestige de nerf, d’organe respiratoire, &c. ces organes, infiniment réduits, existent néanmoins ; mais qu’ils sont répandus dans toutes les parties du corps de l’animal, au lieu d’être rassemblés dans des lieux particuliers. Ce seroit une supposition sans base et sans vraisemblance  : or, avec, une pareille supposition on pourroit dire que la monade a dans tous les points de son corps, tous les organes de l’animal le plus parfait, et par conséquent que chaque point du corps de cet animalcule non-seulement voit, entend, &c. mais qu’il a des idées, des pensées, qu’il forme des jugemens, en un mot qu’il raisonne.
    De même qu’on ne dise pas que ces animaux ont au moins le sens du toucher  : le vrai est qu’ils ont leurs parties fort irritables ; mais le sentiment du toucher dépendant essentiellement de l’existence des nerfs, ils ne peuvent l’avoir, ni aucun autre sentiment.