Page:Lamarck - Discours (1806).djvu/50

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Aucun polype ne peut être réellement ovipare ; car aucun n’a d’organe particulier pour la génération. Or, pour produire de véritables œufs, il faut non-seulement que l’animal ait un ovaire, mais il faut en outre qu’il ait, ou qu’un autre individu de son espèce ait un organe particulier pour la fécondation, et personne ne sauroit démontrer que les polypes soient munis de semblables organes. Au lieu que l’on connoît très bien les bourgeons que plusieurs d’entr’eux produisent pour se multiplier ; et en y donnant un peu d’attention, l’on s’apperçoit que ces bourgeons ne sont eux-mêmes que des scissions plus isolées du corps de l’animal  ; scissions moins simples que celles que la nature emploie pour multiplier les animalcules du dernier ordre des polypes et qui ont été très-bien observées.

C’est parmi les polypes que se trouve le terme inconnu de l’échelle animale, en un mot les premières ébauches de l’animalisation.

En effet, les animalcules qui terminent le dernier ordre des polypes ne sont plus que des points animalisés, que des corpuscules gélatineux, transparens, d’une forme très-simple, et contractiles dans tous les sens.


Telles sont les généralités relatives aux animaux sans vertèbres, et les considérations qui déterminent leur distribution générale, ainsi que les divisions et la coordination des classes que nous établissons parmi ces animaux.

En examinant la dégradation successive et croissante de leur organisation, depuis les mollusques jusqu’aux polypes, la première conséquence qui résulte de ce que nous avons observé, est que la définition donnée jusqu’à présent des animaux pour les distinguer des végétaux, est tout à fait inconvenable ; car il n’est pas généralement vrai que les animaux soient des êtres sensibles, doués d’une volonté et par conséquent de la faculté de se mouvoir volontairement.

Voici les définitions que je propose pour distinguer les êtres qui composent l’un et l’autre règne des corps vivans.


Les animaux sont des corps organisés vivans, digérans, irritables dans toutes leurs parties ou dans certaines d’entr’elles, et se mouvant les uns par les suites d’une volonté active, et les autres par celles de leur irritabilité excitée.