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Page:Lamarck - Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, vol. 1.djvu/246

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son goût pour les idées qui le flattent  et qui lui donnent toujours de la répugnance à en examiner le fondement ; son jugement en toutes choses gagnerait infiniment en rectitude, et alors la nature lui serait mieux connue ! Mais, ses penchans naturels ne le lui permettent pas ; il trouve plus satisfaisant de se faire une part à son gré, sans considérer ce qui en peut résulter pour lui. Ainsi, conservant son ignorance et ses préventions, la nature, qu’il ne veut pas étudier, qu’il craint même d’interroger, lui paraît un être de raison ; et il ne profite, pour son instruction, de presqu’aucun des faits qu’elle lui présente de toutes parts.

Cependant, s’il est forcé de reconnaitre que la nature agit sans cesse, et toujours selon des lois qu’elle ne peut jamais transgresser ; peut-il penser qu’il puisse y avoir quelque chose d’abstrait, quelque chose de métaphysique dans aucun de ses actes, dans une seule de ses opérations quelconques, et qu’elle ait quelque pouvoir sur des êtres non matériels ?

Assurément, une pareille idée ne saurait être admissible ; rien à cet égard n’est de son ressort. La puissance de la nature ne s’étend que sur des corps qu’elle meut, déplace, change, modifie, varie, détruit et renouvelle sans cesse ; enfin, elle n’agit que sur la matière dont elle ne saurait, ni créer, ni anéantir une seule particule. On ne saurait trouver un seul motif raisonnable pour penser le contraire.