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Page:Lamarck - Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, vol. 1.djvu/312

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certes, toute jouissance n’a lieu que lorsqu’on satisfait un besoin de quelque nature qu’il soit. On sait assez que, selon le degré d’exaltation du sentiment qu’on éprouve alors, on obtient ce qu’on nomme, soit de la satisfaction, soit du plaisir.

Il résulte de ces considérations que, surtout pour l’homme, le bien-être ne saurait être un état constant ; qu’il est essentiellement passager ; que l’homme l’obtient, en un degré quelconque, dans chaque jouissance, et qu’à cet égard il le perd nécessairement dans chaque besoin entièrement satisfait ; qu’il en est de même du mal-être, quel que soit son degré ; que ce mal-être ne saurait avoir une durée absolue et uniforme dans un individu, parce qu’il est toujours interrompu ou en quelque sorte suspendu par quelque genre de jouissance ; qu’enfin, c’est de ces alternatives irrégulières de bien-être et de mal-être que se compose la destinée de l’homme, selon les circonstances de sa situation dans la société, de ses rapports avec ses semblables, ou de son état physique et moral.

Ainsi, notre tendance vers le bien-être, c’est-à-dire, vers les jouissances que nous éprouvons en satisfaisant à quelque besoin, non-seulement nous fait rechercher les sensations et les situations qui nous plaisent et qui sont l’objet de nos desirs, mais elle nous porte aussi à nous soustraire aux peines de l’esprit, à tout ce qui nous inquiète ou afflige notre pensée,