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Page:Lamarck - Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, vol. 1.djvu/363

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Tel est le fond des objets positifs qu’embrasse le champ des réalités ; et c’est dans ce champ seul que nous pouvons recueillir des vérités utiles et exemptes d’illusions.

Champ de l’imagination : ce champ, bien différent du premier et au moins aussi vaste, est celui des fictions, des suppositions arbitraires, et des illusions de tout genre.

La pensée de l’homme se plaît à s’enfoncer dans celui-ci, quoique rien n’y soit observable, et qu’elle ne puisse y rien constater ; mais elle y crée arbitrairement tout ce qui peut l’intéresser, la charmer ou la flatter. Elle y parvient en modifiant les idées que les objets réels du premier champ lui ont fait acquérir.

C’est un fait singulier et auquel il me paraît que personne n’a encore pensé ; savoir que l’imagination de l’homme ne saurait créer une seule idée qui ne prenne sa source dans celles qu’il s’est procurées par ses sens.

Avec des idées simples que les sensations lui ont fait acquérir, l’homme, en les comparant et les jugeant, en obtient des idées complexes du premier ordre ; en comparant et jugeant deux ou davantage des idées de cet ordre, il en obtient d’autres d’un ordre plus relevé ; enfin, avec celles-ci, ou avec d’autres qu’il y joint, de quelqu’ordre qu’elles soient, il s’en procure d’autres encore, et ainsi de suite presqu’indéfiniment. Partout ses conséquences, et par