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influence des circonstances

rapport, ont pensé que les formes et l’état des parties en avoient amené l’emploi : or, c’est là l’erreur ; car il est facile de démontrer, par l’observation, que ce sont, au contraire, les besoins et les usages des parties qui ont développé ces mêmes parties, qui les ont même fait naître lorsqu’elles n’existoient pas, et qui, conséquemment, ont donné lieu à l’état où nous les observons dans chaque animal.

Pour que cela ne fût pas ainsi, il eût fallu que la nature eût créé, pour les parties des animaux, autant de formes que la diversité des circonstances dans lesquelles ils ont à vivre l’eût exigé, et que ces formes, ainsi que ces circonstances, ne variassent jamais.

Ce n’est point là certainement l’ordre de choses qui existe ; et s’il étoit réellement tel, nous n’aurions pas de chevaux coureurs de la forme de ceux qui sont en Angleterre ; nous n’aurions pas nos gros chevaux de trait, si lourds et si différens des premiers, car la nature n’en a point elle-même produit de semblables ; nous n’aurions pas, par la même raison, de chiens bassets à jambes torses, de lévriers si agiles à la course, de barbets, etc. ; nous n’aurions pas de poules sans queue, de pigeons paons, etc. ; enfin, nous pourrions cultiver les plantes sauvages, tant qu’il nous plairoit, dans le sol gras et fertile de nos jar-