de certains individus, à la manifestation subite d’idées et de pensées qui y donnent lieu. On dit alors que ces individus sont très-sensibles.
Cette sensibilité, considérée dans les développemens qu’une intelligence perfectionnée peut lui faire acquérir, et lorsqu’elle n’a point éprouvé les altérations qu’on est parvenu à lui faire subir, me paroît un produit et même un bienfait de la nature. Elle forme alors une des plus belles qualités de l’homme ; car elle est la source de l’humanité, de la bonté, de l’amitié, de l’honneur, etc. Quelquefois, cependant, certaines circonstances nous rendent cette qualité presqu’aussi funeste, qu’elle peut nous être avantageuse dans d’autres : or, pour en retirer les avantages qu’on en peut obtenir, et obvier aux inconvéniens qui en proviennent, il ne s’agit que d’en modérer les élans par des moyens que les principes d’une bonne éducation peuvent seuls diriger.
En effet, ces principes nous montrent la nécessité, dans mille circonstances, de comprimer notre sensibilité, jusqu’à un certain point, afin de ne pas manquer aux égards que l’homme en société doit à ses semblables, ainsi qu’à l’âge, au sexe et au rang des personnes avec qui il se trouve : de là résultent cette convenance, cette aménité dans les discours et dans les expressions employées, en un mot, cette juste retenue dans les