Page:Lamarck - Philosophie zoologique 2.djvu/332

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choix et sans aucun acte d’intelligence, mais par les seules émotions du sentiment intérieur, à exécuter telles et telles actions.

De là, l’origine, dans certains animaux, de diverses actions compliquées, que l’on a qualifiées d'industrie, et qu’on ne s’est point lassé d’admirer avec enthousiasme, parce qu’on a toujours supposé, au moins tacitement, que ces actions étoient combinées et réfléchies, ce qui est une erreur évidente. Elles sont très-simplement le fruit d’une nécessité qui a étendu et dirigé les habitudes des animaux qui les exécutent, et qui les rend telles que nous les observons.

Ce que je viens de dire est surtout fondé pour les animaux sans vertèbres, en qui aucun acte d’intelligence ne peut s’exécuter. Aucun de ces animaux ne sauroit, en effet, varier librement ses actions ; aucun d’eux n’a le pouvoir d’abandonner ce qu’on nomme son industrie, pour faire usage de celle d’un autre.

Il n’y a donc pas plus de merveille dans l'industrie prétendue du fourmi-lion (myrmeleon formica leo) qui, ayant préparé un cône de sable mobile, attend qu’une proie entraînée dans le fond de cet entonnoir, par l’éboulement du sable, devienne sa victime ; qu’il n’y en a dans la manœuvre de l’huître qui, pour satisfaire à tous ses besoins, ne fait qu’entr’ouvrir et refermer sa