Page:Lamarck - Philosophie zoologique 2.djvu/402

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très-peu leur intelligence, ne varient presque point les sujets de leurs pensées, n’ont, de même que les animaux dont nous venons de parler, qu’un très-petit nombre d’idées, et sont fortement assujettis au pouvoir de l’habitude.

Effectivement, les besoins de l’homme qu’une éducation quelconque n’a point forcé de bonne heure à exercer son intelligence, embrassent seulement ce qui lui paroît nécessaire à sa conservation et à son bien-être physique ; mais ils sont extrêmement bornés relativement à son bien-être moral. Les idées qui se forment en lui, se réduisent à très-peu près à des idées d’intérêt, de propriété, et de quelques jouissances physiques ; elles absorbent l'attention qu’il donne au petit nombre d’objets qui les ont fait naître, et qui les entretiennent. On doit donc sentir que tout ce qui est étranger aux besoins physiques de cet homme, à ses idées d’intérêt, et à celles de quelques jouissances physiques et morales très-bornées, se trouve comme nul ou sans existence pour lui ; parce qu’il ne le remarque jamais, et qu’il ne sauroit le remarquer, puisque n’ayant point l’habitude de varier ses pensées, rien d’étranger aux objets que je viens d’indiquer ne sauroit l’émouvoir.

Enfin, l’éducation, qui développe l’intelligence de l’homme d’une manière si admirable,