Page:Lamarck - Philosophie zoologique 2.djvu/419

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suite de ces circonstances, ne sont presque point dans le cas de varier leurs pensées ! Leurs idées habituelles roulent dans un petit cercle qui est à peu près toujours le même ; et ils ne font que peu d’efforts pour l’étendre, parce qu’ils n’y ont qu’un intérêt éloigné.

L'imagination est une des plus belles facultés de l’homme : elle ennoblit toutes ses pensées, les élève, l’empêche de se traîner dans la considération de petites choses, de menus détails ; et lorsqu’elle atteint un degré très-éminent, elle en fait un être supérieur à la grande généralité des autres.

Or, le génie, dans un individu, n’est autre chose qu’une grande imagination, dirigée par un goût exquis, et par un jugement très-rectifié, nourrie et éclairée par une vaste étendue de connoissances, enfin, limitée, dans ses actes, par un haut degré de raison.

Que seroit la littérature sans l’imagination ! En vain le littérateur possède-t-il parfaitement la langue dont il se sert, et offre-t-il dans ses écrits, ou ses discours, une diction épurée, un style irréprochable ; s’il n’a point d'imagination, il est froid, vide de pensées et d’images ; il n’émeut point, n’intéresse point, et tous ses efforts manquent leur but.

La poésie, cette belle branche de la littéra-