Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/116

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plus graves soucis occupèrent l’évêque et les habitants. Au mois de juillet 1622, il est fait mention, dans le registre de la communauté de ville, de « la maladie pestilencieuse, » et d’une demande d’argent, de la part du syndic, pour traiter les malades, payer les chirurgiens et construire « des loges vers la côte au-dessous des champs Chevillon.» On fit ensuite, avec le sieur Du Val, un bail de la maison et du jardin de La Mare-au-Coq, pour y loger le chirurgien de la santé et les malades. Le nombre des pauvres atteints de la contagion était alors d’environ 80 par jour.

Entre deux invasions de la peste, les habitants se crurent menacés d’une autre invasion venant de La Rochelle. À la nouvelle que des vaisseaux rochellois avaient surpris le château de La Latte, ils s’armèrent et firent des corps de garde. Cette alerte leur parut un motif suffisant pour fortifier leur ville, et ce prétexte fut facilement admis, puisque des lettres-patentes du mois de juin 1623 leur accordèrent l’autorisation nécessaire, en s’appuyant sur de nombreux considérants : à cause de l’importance de la ville, de son commerce par terre et par mer, de l’affection si reconnue des habitants au service du roi « que nottoirement il en sortit au commencement des troubles de la Ligue plus de soldats et capittaines quy se jetterent dans nos armées que des quattre meilleures villes de nostre dite province » ; enfin, parce que les habitants avaient été menacés de ruine, et que « pendant les derniers mouvements ils ont couru fortune d’estre la proye des Rochellois rebelles... comme ils ont essayé plusieurs fois avecq leurs armees navalles. »

Les bourgeois de Saint-Brieuc commencèrent les préparatifs avec une grande ardeur, mais cet élan tomba bien vite avec les craintes qui l’avaient fait naître. Le maréchal de Themines, gouverneur de Bretagne, fut obligé d’intervenir et, comme il trouvait trop vaste l’enceinte projetée, on lui demanda un ingénieur et un plan. Enfin, dans une conférence tenue, dans le mois de mai 1627, au palais épiscopal, il fut décidé que les habitants se contenteraient d’avoir une muraille à créneaux, de 24 pieds de hauteur,