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et des Traites. La première connaissait de tous faits et contrats concernant la construction des navires, la police de la navigation, les bris et naufrages, la pêche maritime. La seconde réglait les différends nés à l’occasion de la levée des droits sur les denrées et marchandises, à l’importation et à l’exportation.

L’organisation des milices n’eut pas lieu aussi rapidement, non que la Bretagne refusât le service militaire en temps de guerre, tout le monde alors s’y portait avec ardeur, — mais parce qu’elle no voulait pas en principe renoncer à ses privilèges. Nous savons d’ailleurs qu’il y avait une milice à Saint-Brieuc et dans les paroisses voisines, à l’époque du combat de Roselier. L’ordonnance de 1688 eut donc pour but, non de créer les milices en Bretagne, mais d’en former des régiments, auxquels on eut recours dans les guerres de la coalition d’Augsbourg et de la succession d’Espagne. Quelque temps auparavant, les États avaient été mis en demeure d’assurer la défense des côtes, à l’exemple des autres provinces maritimes. Ils offrirent au roi 1,500,000 livres pour les frais de premier établissement de la milice des gardes-côtes. Ce service ne fut régulièrement organisé qu’au xviiie siècle.

Telle était la situation de la ville de Saint-Brieuc dans ses rapports généraux avec le pouvoir central, à la fin du xviie siècle. Malgré des guerres continuelles, elle n’aurait pas eu vraiment à se plaindre de la part qu’elle payait dans les contributions publiques, sans les mesures de fiscalité imaginées à propos des charges municipales.

Ces expédients ne suffirent bientôt plus. On eut recours d’abord à des taxes extraordinaires (celle de 28,000 livres par exemple, qui fut répartie sur les maisons de Saint-Brieuc, en 1693), puis à des mesures plus générales. La capitation fut établie, en 1695, dans tout le royaume et abonnée, la même année, par les États de Bretagne à 1,400,000 livres et, vers la fin de la guerre de la succession d’Espagne, à 2 millions[1]. Cette période fut désastreuse,

  1. La Capitation était un impôt personnel réparti par évêché et, dans chaque évêché, entre trois classes : la noblesse, les villes et communautés, les paroisses de la campagne, de sorte que le taux de chaque classe variait en raison du prix de l’abonnement. Quand on prenait cet abonnement à 1,700,000 livres, les paroisses de la campagne, à elles seules, en supportaient 1,243,021 l. 11 s. 9 d. soit environ les trois quarts ; les villes, 345,548 l. 8 s. 3 d. La part de Saint-Brieuc dépassa, dès les premières années, 4,000 livres.