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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/129

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mais il profita de la réorganisation de 1681 pour se mettre à la tête du corps municipal et s'y faire, pour lui et sa famille, une situation pleine d’abus et de privilèges.

Il voulut alors trancher du gouvernement militaire et fut, dès 1684, en conflit de préséance avec le marquis de La Coste,qui avait un commandement supérieur, en qualité de lieutenant de roi aux quatre évêchés de Basse-Bretagne. Le prétexte du conflit était de savoir si les écussons du roi et du gouverneur de la province, que M. de La Rivière avait ordinairement à sa porte comme symbole de l’autorité,devaient être envoyés à M. de La Coste, pendant que celui-ci logeait à Saint-Brieuc. Cette discussion donna lieu à de curieuses révélations. Il fut établi, d’après les dépositions d’officiers municipaux, que le gouverneur empêchait la communauté de communiquer avec le lieutenant de roi, qu’il supprimait à son gré les ordres supérieurs et les arrêts du conseil. On l’accusait aussi d’accabler de billets de logement, lors du passage des troupes, ceux qui lui déplaisaient. En dépit de ces accusations, un règlement de 1686 permit à M. de La Rivière, aussi bien qu’à M. de La Coste, d’arborer l’écusson du roi. Ce débat, futile en apparence, montre le désordre que des créations inconsidérées d’emplois introduisaient dans l’organisation municipale.

Jusqu’alors la Bretagne n’avait point eu d’intendant, ce chef de l’administration civile que les autres provinces connaissaient depuis plus de cinquante ans. Ce n’est qu’en 1689 que M. de Pommereu fut investi de ces fonctions. Le conflit que nous avons signalé ne fut peut-être pas sans influence sur le voyage qu’il fit à Saint-Brieuc, l’année suivante. Le 16 novembre, il ordonna d’enregistrer dans l’assemblée de ville le règlement de 1681 ; mais, s’il donna dans cette occasion une leçon nécessaire, il produisit une fâcheuse impression par sa brusquerie et par le ton despotique qui lui était habituel.

Tout en bouleversant ainsi l’ancien système municipal, le pouvoir royal appliquait à la Bretagne quelques institutions d’un ordre plus général. C’est en 1691 que furent établies à Saint-Brieuc les deux juridictions de l’Amirauté