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l’évêque Le Porc de La Porte[1]. Le fief du chapitre y fut parfaitement délimité, dans la ville et les faubourgs de Saint-Brieuc. Les chanoines furent reconnus indépendants de l’évêque quant au fief, mais ils se soumirent eux et leurs vassaux à sa juridiction. C’est un des rares exemples de fief constitué sans juridiction[2].

Le chapitre eut, comme par le passé, un rang considérable dans la ville, s'occupant de tous les établissements utiles, envoyant des députés aux assemblées de la communauté et à celles des États, haranguant les grands personnages et comptant parmi ses membres l’un des principaux seigneurs de Bretagne, le duc de Penthièvre. Le duché de ce nom ayant été vendu, en 1696, par Marie-Anne de Bourbon, à Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse et gouverneur de Bretagne, ce prince fit prendre possession par procureur, la même année, de la stalle qui lui appartenait en qualité de premier chanoine de la cathédrale.

Les revenus du chapitre s’élevaient, année moyenne, à 20,000 livres environ. Les chanoines ayant voulu gérer leurs biens, s’en acquittèrent si mal qu’ils ne purent quelquefois couvrir leurs charges « vu leur peu de moyens », et qu’ils furent obligés d’en confier l’administration à un receveur.

La situation du chapitre, au temporel, explique un peu les abus que nous avons déjà signalés dans la conduite de quelques-uns de ses membres. Ceux qui voulaient sauvegarder la dignité du corps poursuivaient sans relâche, à l’exemple de Denis de La Barde, leurs confrères qui ne s’acquittaient pas de leurs devoirs religieux et prenaient contre eux de très vives conclusions. Ils obtinrent quelques bons résultats ; mais ils ne pouvaient réformer de déplorables usages et empêcher, par exemple, un enfant de 13 ans d’être reçu chanoine, en 1686, par dispense d’âge.

  1. Archives du département des Côtes-du-Nord.
  2. Si les chanoines n’étaient pas justiciers dans leur fief de Saint-Brieuc, ils l’étaient dans celui de La Cadoire, en Plérin.